Pour répondre aux grandes transformations du monde qui se sont opérées depuis la chute de l’URSS en 1991 et parvenir à anticiper les guerres du futur, qu’elles soient symétriques, dissymétriques ou asymétriques, l’armée française se prépare au quotidien.

Sur terre, dans les airs, sur la mer et sous la mer, chaque corps d’armée s’entraîne régulièrement à intervenir sous le commandement de ses chefs militaires et du Président de la République, chef des armées. Dans un contexte géopolitique tendu, les officiers français d’aujourd’hui et de demain doivent donc réussir à construire avec le politique une relation basée sur la confiance pour qu’ensemble ils imaginent et planifient l’avenir avec lucidité.

C’est à l’Ecole de Guerre, située dans l’enceinte de l’Ecole militaire, que l’on forme les officiers supérieurs. Elle fut fondée en 1876 à l’initiative du Général Ernest Courtot de Cissey, alors ministre de la guerre, qui jugea nécessaire de mieux former ses officiers après la défaite de 1870.

150 ans plus tard, l’enseignement qui y est dispensé vise encore et toujours à préparer les officiers supérieurs aux responsabilités qu’ils occuperont aux Etats-majors. Toutefois, il a été réformé en profondeur à l’initiative de son directeur actuel, l’Amiral Finaz. Et pour relever les grands défis de demain, l’enseignement s’articule désormais autour de neuf piliers, chacun de ces piliers concourant au perfectionnement intégral de l’officier.

Si la plupart de ces neuf piliers concernent les disciplines traditionnelles de l’enseignement militaire, à savoir la stratégie, la géopolitique ou encore l’histoire militaire, un de ces piliers se démarque de l’ensemble; ce pilier a pour nom « convaincre ».

Apprendre à convaincre en toutes circonstances

La raison d’être de ce mystérieux pilier répond à l’objectif que soient transmis à l’officier supérieur les outils, les codes et les techniques de la communication contemporaine qui lui seront indispensables pour interagir avec les différents acteurs, civils et militaires, français et étrangers, qu’il sera amené à côtoyer dans la suite de sa carrière. De son aptitude à convaincre dépendra notamment le bon déroulement de la chaîne de commandement et les meilleures décisions prises.

Pour passer maître dans l’art de communiquer, des exercices de mise en situation lui sont proposés durant toute l’année de sa scolarité: en situations de conférence, d’interview, de table ronde, de négociation et de débat, il apprend à ajuster son discours en fonction des circonstances: être direct, concis et percutant quand il faut convaincre rapidement ou, au contraire, indirect, subtil et patient quand l’action de convaincre engage le temps long. En fait, l’officier apprend à imaginer ce que son interlocuteur est disposé ou non à entendre.

A l’issue de cette phase préparation, une épreuve de debating met en compétition tous les officiers de la promotion. Un jury composé d’experts de la prise de parole apprécient l’assimilation des outils, des codes et des techniques enseignées mais également la qualité de l’argumentation et l’audace créatrice. Pour remporter le débat, chaque officier fait en sorte d’appliquer la parole du stratège chinois, Sun Zu:

Lorsque vous décidez d’un plan d’action particulier, ne faites pas ce que vous souhaitez faire le plus, mais faites ce que votre adversaire souhaite le moins. 

Par l’habitude et la pratique, convaincre devient une seconde nature.

L’art de convaincre est un art de la guerre

A l’Ecole de guerre, le pilier « convaincre » vise donc à développer chez l’officier son intelligence de situation, afin qu’il soit capable d’imaginer de nouvelles manières de convaincre ses futurs interlocuteurs. De l’art de commander qu’il avait appris dans le passé, l’officier diplômé de l’Ecole de Guerre prend conscience que l’art de convaincre est un art de la guerre. Que les mots sont désormais son arme de service. Que sa communication, en tous lieux et en toutes circonstances, doit être pensée en véritable stratège. Qu’il lui faut relire les grands traités de l’art militaire en les lisant non plus seulement au sens littéral, mais au sens allégorique – le second degré de l’Homme.

Convaincre : pour l’officier, tel est désormais le véritable nerf de la guerre.

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