D’ordinaire, tout formateur en prise de parole a tendance à introduire sa discipline en partant du principe que la communication s’articule en trois points :

la communication verbale, la communication para-verbale et la communication non-verbale.

La communication verbale, ce sont sont les mots employés, intentionnellement ou non. La communication para-verbale, c’est la portée musicale du verbe, faite de bruits et de silences lui donnant son sens et sa puissance. La communication non verbale, c’est le message inarticulé que prononce le corps en mouvement. 

Sur ces entrefaites, il est coutume de faire alors allusion à l’étude d’Albert Mehrabian, ce psychologue devenu célèbre pour avoir dévoilé l’influence exercée par ces trois points sur un auditoire donné. Ainsi, la communication non-verbale compterait pour plus de 50% ; la communication para-verbale compterait pour plus de 30% ; quand à la communication verbale, qui est pourtant le propre de l’homme, l’influence qu’elle exercerait avoisinerait les 10%. S’appuyant sur cette démonstration, le formateur en prise de parole concentre naturellement ses efforts sur les points les plus forts : la communication non-verbale et la communication para-verbale. Voilà le verbe relégué au dernier plan – quand il n’est pas strictement dévalué au rang de vile sophistique. 

La crise du COVID 19, cause du confinement généralisé de la population, nous a fait passer d’un moment l’autre du présentiel au distanciel. Or, donner une formation à la prise de parole en public paraît impensable lorsque l’on n’est pas au contact des personnes. La visioconférence ne peut suppléer le réel. N’est-il donc pas vain de vouloir continuer d’exercer son métier de formateur à la prise de parole ? D’autant que l’exercice se complique davantage depuis que certaines entreprises renoncent au système de visioconférence à cause de l’élévation du risque de cyberattaques ; le formateur se retrouve alors devant son écran d’ordinateur, sans aucun contact visuel. Seules résonnent les voix des personnes venues suivre la formation. 

Pour réussir une formation à la prise de parole en distanciel, il existe heureusement une manière pertinente de procéder : prendre l’étude d’Albert Mehrabian comme point de départ mais en invalidant ses conclusions.

En distanciel, nous devons ainsi poser comme vrai qu’il existe une croyance fortement enracinée selon laquelle la communication verbale n’exercerait qu’une influence relative. La parole serait moins efficace que le corps, son mouvement, son vêtement ; moins efficace également que le volume et le grain de la voix. Pourtant, à mesure que je parle à autrui, je lui délivre un message, peut-être même plusieurs à la fois ! Tel est bien le pouvoir stupéfiant des mots que d’avoir plusieurs sens, plusieurs connotations, plusieurs interprétations ! Telle est bien la force de la parole d’être tantôt dialectique, quand il s’agit de défendre une position en employant l’argumentation, tantôt rhétorique, quand il faut employer d’autres moyens que la raison pour convaincre.

Mais ce message verbal est d’autant mieux délivré que je place ma voix d’une façon particulière : c’est par la communication para-verbale, par ce jeu infiniment varié d’intonations et de silences, que les mots que je prononce sonnent, interpellent, marquent. 

Et pour marquer mon engagement dans la parole que je porte, mon corps est entièrement mobilisé. C’est par le corps que j’anime mon discours d’une intensité particulière, fonction du contexte, de mes auditeurs et de mon véritable objectif : convaincre. 

Ainsi, une formation à la prise de parole qui se déroule en distanciel implique-t-elle toujours de prendre les trois points de la communication comme préalable. Simplement, on redécouvre que le verbe précède la chair, et non l’inverse. A rebours des conclusions frauduleuses que l’on tire trop rapidement de l’étude d’Albert Mehrabian, la communication verbale demeurera toujours la plus influente ; c’est donc sur la parole qu’il faut en priorité concentrer ses efforts pour augmenter sa force de conviction.

La parole crée la pensée. C’est par la parole que l’on emporte l’adhésion à la position que nous défendons. Le corps, son véhicule, n’est qu’à son service.

David Jarousseau

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