Prendre la parole en public est un exercice difficile. Intimidés par le nombre d’auditeurs, le coeur bat si fort que nous en regretterions presque d’être doués de langage. Nous aimerions être ailleurs, disparaître, mourir. Il n’existe aucun supplice qui ne soit trop court.

L’Education nationale nous prépare si mal à l’expression orale que nous avons une piètre idée de nos capacités lorsque nous devons prendre la parole, au point que la langue française passe aux yeux de certains pour une langue essentiellement écrite. C’est évidement faux: notre langue marque fortement les esprits lorsqu’elle est portée par des orateurs expérimentés. Il est donc urgent de réapprendre à rendre à notre langue française ses lettres de noblesse, en nous souvenant que les poètes de la Pléiade l’ont imaginée pour communiquer, c’est-à-dire écrire mais aussi et surtout parler.

Plutôt que d’espérer que les choses s’arrangent d’elles-mêmes, mieux vaut agir et prendre les devants. Plutôt que de se croire « nul » à l’oral, apprenons par nous-mêmes à ne plus craindre le regard des autres, ces « autres » qui sont, dit-on, nos frères en humanité. Or, qu’avons-nous à craindre de nos égaux?

De quoi avons-nous peur?

Pour ne plus avoir peur de quelque chose, on dit souvent qu’il faut s’y confronter. En admettant que parler en public soit une peur, déplaçons le problème et venons-en à l’essentiel.

Quelle est notre plus grande peur? Mourir. Or, en philosophes, nous devons considérer que cette peur n’a aucun sens: les stoïciens et les épicuriens nous ont appris que la peur de mourir n’a pas lieu d’être puisque nous n’en ferons jamais l’expérience. Et quand bien même nous l’expérimentions pour ne plus en avoir peur, il nous serait bien difficile d’en tirer des enseignements, à moins que le Paradis existât bel et bien. De la mort, par conséquent, nous n’avons rien à craindre.

La parole est un combat

Alors, fondamentalement, de quoi avons-nous peur? De nous battre. D’être blessé. Marqué. Défiguré. C’est une peur légitime. Aussi, la meilleure façon de devenir maître de soi en toutes circonstances, c’est d’apprendre à combattre.

Combattre est le meilleur moyen de relativiser toutes nos peurs. Chacun peut trouver l’art de combattre qui corresponde à ses besoins, à ses qualités de corps et d’esprit, au seuil de violence qu’il est prêt à franchir. Homme ou femme, pendant qu’il est encore temps, chacun doit apprendre à prendre des coups et à en recevoir. Souffrir, accepter ses blessures et renaître à soi-même.

La vie est un combat. Prendre la parole est une épreuve de ce combat. Soyons lucides: nous avons peur de voir notre intégrité menacée, bien plus, finalement, que de nous exprimer en public. Enfin libérés de nos peurs irrationnelles, la langue française redeviendra une langue orale que nous serons fiers de parler pour porter haut les idées nobles en lesquelles nous croyons.

David Jarousseau

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